Développement cohérent des espaces ruraux, des agglomérations et des villes

Ittigen, 13.10.2015 - D’un côté les moteurs de croissance urbains, de l’autre les espaces de détente ruraux? Une telle dichotomie de la Suisse est pour le moins réductrice, alors que notre pays a besoin d’une vue d’ensemble différenciée sur les relations de plus en plus complexes entre ses différents espaces, comme en témoignent plusieurs rapports du Conseil fédéral. Pour cette raison, l’édition actuelle du magazine « Forum du développement territorial » de l’Office fédéral du développement territorial (ARE) se penche à son tour sur les liens entre la ville et la campagne. Il apparaît clairement que pour concilier les différents besoins et les diverses interdépendances, la Suisse a besoin d’une politique cohérente de développement territorial.

Le Conseil fédéral a adopté pas moins de trois rapports d’orientation au premier semestre 2015 : la « Politique de la Confédération pour les espaces ruraux et les régions de montagne », la « Politique des agglomérations 2016+ » et le « Message sur la promotion économique pour les années 2016 à 2019 ». La coïncidence n’est nullement fortuite. Avec ces trois rapports, le Conseil fédéral réagit aux défis spatiaux complexes qui se présentent souvent différemment dans le milieu rural et les régions de montagne que dans les villes et les agglomérations.

Dans le milieu urbain, les thèmes principaux sont notamment la concurrence internationale entre les places économiques, la ségrégation sociale, l’accroissement de la pression sur les terres cultivables ou encore le développement coordonné de l’urbanisation et des transports avec une densification qui préserve la qualité de vie. En revanche, les facteurs déterminants dans le milieu rural sont la pression de l’innovation dans le secteur touristique, le maintien de valeurs naturelles et paysagères élevées, la garantie des services de base ou encore la concentration d’emplois dans les fonds de vallée bien desservis. La nouvelle édition du « Forum du développement territorial » examine en détail les différences et les défis communs que séparent et unissent ces deux milieux.

Une rétrospective historique fait apparaître que le modèle dual d’interprétation, avec une opposition nette entre la ville et la campagne, est dépassé. Ainsi en témoigne le nombre important de pendulaires qui se déplace quotidiennement entre leur logement (dans l’espace préalpin, autrefois considéré comme rural) et leur lieu de travail. En effet, ce nombre montre que l’imbrication étroite entre la ville et la campagne convient bien mieux que les représentations du siècle dernier pour comprendre la Suisse d’aujourd’hui. Les avantages traditionnels de la ville en termes de facteurs de production et d’offre de biens ou de prestations ont ainsi progressivement diminué, tandis que les agglomérations se sont émancipées des centres villes en tant que places économiques autonomes.

Une idée défendue dans un article est que la Suisse a besoin d’une nouvelle clé d’interprétation. Ce point de vue est d’ailleurs soutenu dans le Projet de territoire Suisse, dans le cadre duquel des représentants de différents niveaux de l’Etat ont présenté des scénarios qui se détachent des frontières fédérales et géographiques. La proposition retenue consiste à découper le territoire national en fonction de liens fonctionnels.

Mario Cavigelli, directeur des travaux publics des Grisons et président de la Conférence gouvernementale des cantons alpins (CGCA), voit également au-delà des frontières cantonales. Dans une interview, il explique quelles sont les questions majeures qui attendent l’espace alpin. Selon lui, les Alpes sont, de par leur force symbolique, souvent assimilées à la Suisse dans son ensemble, alors que les régions de montagne et le plateau urbain font face à des défis très différents. M. Cavelli ajoute qu’il est d’autant plus important pour les cantons alpins de raisonner en termes suprarégionaux et d’aborder les problèmes conjointement en comptant sur leurs ressources propres.

Dans un autre article, Olivier Crevoisier défend une approche originale. Sur la base des études qu’il a menées, le professeur en économie territoriale de l’université de Neuchâtel conclut que dans les régions suisses, les activités productives ne constituent plus le principal moteur de développement de revenus. Selon lui, les espaces les plus prospères sont ceux qui parviennent à attirer de gros revenus et à mettre en place des services locaux liés au logement et aux loisirs.

Enfin, un reportage réalisé en Valais illustre à quel point aménagement du territoire et développement économique sont étroitement liés. Dans la vallée de Binn, des structures traditionnelles d’habitat ont subitement été confrontées à une prolifération de maisons de vacances. Les constructions se sont multipliées alors que la planification avait un train de retard. Désormais, la région mise sur un projet-modèle pour trouver des solutions innovantes en vue de densifier son espace rural.

Le n° 2/15 du Forum du développement territorial, « Espaces ruraux et régions de montagne – Chances d’un développement territorial cohérent », peut être commandé par écrit auprès de l’OFCL, 3003 Berne, au prix de Fr. 10,25, TVA comprise (abonnement annuel : Fr. 37,70, TVA comprise). Merci de mentionner la source lors de la reprise ou de l’impression d’articles individuels.


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