Forces et faiblesses de la politique forestière suisse
COMMUNIQUE DE PRESSE
Etude internationale sur la durabilité de la gestion forestière
Forces et faiblesses de la politique forestière suisse
Un groupe international d’experts mandaté par la Direction fédérale des forêts a examiné la durabilité
de la politique forestière suisse. Notre forêt se porte bien, au point de vue surface et état sanitaire.
Mais des lacunes existent, en particulier en matière de rentabilité des exploitations forestières et de
maintien de la biodiversité dans les forêts. L’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du
paysage (OFEFP) va corriger les manques mis en lumière par cette étude dans le cadre de la future
politique forestière.
La Direction fédérale des forêts de l’OFEFP a mandaté un groupe d’experts reconnus (voir encadré 1)
pour examiner la durabilité de la gestion forestière en Suisse. Pour la première fois en Europe, des
experts externes prennent en compte dans leur évaluation les aspects économiques, sociaux et
écologiques de l’exploitation forestière (voir encadré 2). Cet examen va contribuer à donner une
impulsion précieuse à la politique forestière nationale, qui veut appliquer de manière conséquente le
principe du développement durable.
Selon le groupe d’experts, la politique forestière suisse souffre des manques suivants :
- Ressources forestières : durant les derniers dix ans, la surface forestière a augmenté de 4% en
moyenne, plus encore dans les régions de montagne. Cette expansion n’est ni gérée ni évaluée
en terme d’objectifs. De nouveaux buts et instruments doivent être développés pour permettre
une gestion judicieuse de cette couverture forestière supplémentaire.
- Santé et vitalité : des mesures supplémentaires et innovatrices sont nécessaires pour réduire
davantage la pollution. Les mesures arrêtées en politique forestière devraient mieux être
appliquée, améliorée et contrôlée pour pouvoir agir efficacement contre le vieillissement croissant
de la forêt suisse. La création de réserves forestières, une foresterie proche de la nature, la
poursuite des mesures de prévention contre les parasites, la surveillance de l’état sanitaire et une
régénération des vieux peuplements devraient contribuer à encourager la biodiversité dans la
forêt, une saine structure des âges, une production de bois durable et des forêts de protection
stables dans les régions de montagne.
- Fonctions de production : il existe peu de statistiques sur les produits non-ligneux de la forêt
(petits fruits, champignons, chasse par ex.). De telles données devraient être périodiquement
recensées, analysées et présentées. Les propriétaires de forêt devraient aussi recevoir des
subventions pour les fonctions autres que productrices de leurs forêts (fonction de protection ou
fonction récréative). La construction de nouvelles routes forestières ne doit pas être encouragée
sur le Plateau.
- Diversité biologique : les objectifs politiques clairs, les directives d’exécution et les outils
opérationnels manquent, même si l’importance de la biodiversité est généralement reconnue. Les
lisières sont menacées par une gestion inadéquate autant forestière qu’agricole, bien que la loi
fédérale sur les forêts stipule que les cantons doivent déterminer une distance minimale entre les
bâtiments et les lisières de forêt.
- Fonctions de protection : les instruments politiques visant à rajeunir les forêts de protection
semblent inopérants. Leur vieillissement croissant va devenir un motif de préoccupation à l’avenir.
Les efforts pour maintenir la stabilité des forêts de protection doivent être intensifiés, des voies
innovatrices doivent être trouvées, ici aussi.
- Fonctions et conditions socio-économiques : l’efficacité économique des entreprises
forestières devrait être améliorée. Les petites entreprises doivent se regrouper en plus grandes
unités économiques, par des accords volontaires, notamment. L’absence d’objectifs clairs, des
prescriptions trop nombreuses et trop détaillées et un taux trop élevé de subsides entravent
l’utilisation efficace des fonds publics. Les entreprises forestières visant exclusivement la
production commerciale du bois ne devraient pas être subventionnées. La présence des femmes
dans les métiers du bois doit être encouragée. Enfin, l’offre et la demande en bois doivent être
examinée et harmonisée.
Selon les experts, la politique forestière suisse bénéficie des forces suivantes :
- Ressources forestières: un des objectifs clairs de la politique forestière suisse est de ne pas
réduire la surface forestière. La forêt reste forêt même après les incendies de forêt ou autres
événements similaires. Les autorisations de défrichement sont accordées seulement si une
surface non boisée égale est reboisée dans la même région, avec des espèces adaptées. Les
coupes rases sont interdites. Actuellement, la pression sur les forêts provient essentiellement de
l’augmentation de l’urbanisation et de la construction des infrastructures de transports.
- Santé et vitalité: lors de la dernière décennie, la Suisse a fait des efforts importants pour
stabiliser les émissions polluantes et pour les réduire. C’est un résultat très positif en
considération du haut degré d’industrialisation du pays.
- Fonctions de production: les forêts du pays sont généralement bien accessibles, ce qui facilite
l’exploitation forestière.
- Fonction de protection: la forêt est essentielle pour la protection des zones construites contre
les dangers naturels. Selon la loi fédérale sur les forêts, la sylviculture et l’aménagement des
forêts visent d’abord le maintien de la fonction de protection et ensuite, à un degré moindre, la
production industrielle du bois.
- Fonctions et conditions socio-économiques : l’importance économique du secteur forestier a
atteint son plus bas niveau depuis la seconde guerre mondiale. Cependant, la Suisse possède un
secteur forestier opérationnel et un personnel formé qui est capable d’effectuer toutes les
interventions de gestion forestière nécessaires.
L’OFEFP veut remédier aux lacunes relevées dans la présente étude dans la future politique
forestière.
Berne, le 12 juillet 1999
OFFICE FÉDÉRAL DE L’ENVIRONNMENT,
DES FORÊTS ET DU PAYSAGE
Service d’information
Renseignements
M. Andrea Semadeni, Direction fédérale des forêts, Office fédéral de l’environnement, des forêts et du
paysage (OFEFP), tél. 031 324 77 82
Publications
- Evaluation de la politique forestière suisse dans le contexte de la gestion durable. Résumé.
- Sustainability assessment of Swiss forest policy, executive summary. Background report.
Rapport complet publié en allemand et en anglais.
Encadré 1
Le groupe d’experts
- M. Peter Glück, professeur à l’université de pédologie, Vienne
- M. Jag Maini, secrétaire du Forum intergouvernemental sur les forêts, New York
- M. Pekka Patosaari, conseiller de gestion agricole et forestière, ambassadeur de Finlande, Londres
- M. Stefan Leiner, WWF, responsable pour la politique forestière européenne, Bruxelles
- M. Frank Flasche, ensuite Jean-Marie Barbier, Association européenne des propriétaires de forêts,
Bruxelles
- M. Davide Pettenella, professeur à l’université de Padoue, Italie
Ces experts regroupent des connaissances et des compétences dans les trois piliers de la durabilité
(économie, écologie, social). Leur travail commun dresse une expertise complète de la politique
forestière suisse.
Encadré 2
Critères et indicateurs d’une gestion durable des forêts
Dans le cadre de la conférence ministérielle européenne sur la protection de la forêt en Europe, les
critères suivants ont été élaborés pour l’examen du développement durable des forêts :
1. maintien et augmentation adéquate des ressources forestières et de sa contribution au cycle
global du carbone;
2. maintien de la santé et de la vitalité de l’écosystème Forêt;
3. maintien et encouragement des fonctions productives de la forêt;
4. maintien, protection et encouragement adéquat de la biodiversité dans les écosystèmes
forestiers;
5. maintien et encouragement adéquat des fonctions de protection dans la gestion forestière (en
particulier sol et eau);
6. maintien des autres fonctions et conditions socio-économiques.
Les progrès enregistrés dans la réalisation de ces objectifs sont décrits au moyen d’indicateurs
quantitatifs et descriptifs.